La CiBi ? C’est quoi ? Pour les jeunes qui ont connu toute leur vie, le téléphone portable, il est évident que la CiBi, cela ne leur parle pas et c’est normal. En effet, l’arrivée du portable et surtout sa diffusion rapide a largement contribué à la mort de cette technique et de ce moyen de communication. 

Déjà ce nom de « CiBi » peut sembler étrange mais il s’explique assez facilement quand on connait un peu l’origine de ce phénomène. 

Après la fin de la seconde guerre mondiale, l’armée américaine qui utilisait la bande des 27 Mégahertz pour ses communications à moyenne distance, a décidé d’abandonner cette fréquence qui était beaucoup trop  sujette à des interférences industrielles et électriques. C’est vrai que ces interférences (appelées QRM en termes de radio-amateurs)  ne sont pas idéales pour avoir des communications  sûres en temps de guerre. Les opérateurs de l’armée qui utilisaient cette bande de  fréquence, l’appelaient la bande poubelle. Cette bande n’étant plus utilisée par l’armée, elle fut « généreusement » offerte  aux citoyens qui souhaitaient faire quelques expérience de communication. C’est de là que vient le nom de cette fréquence : La Citizen’s Band, couramment appelée la C.B. En France, comme on voulait conserver la prononciation « Anglophone », ce qui faisait plus moderne, on l’a dénommée la CiBi…. ça fait mieux…

Dans la foulée, beaucoup de matériels radio utilisant cette fréquence se sont retrouvés dans les surplus de l’armée américaine. Ce matériel s’est vite retrouvé dans les véhicules des chauffeurs routiers américains qui pouvaient ainsi casser la monotonie de leurs longs parcours en discutant avec des collègues et aussi en signalant les accidents ou les contrôles routiers. 

Le bouche-à-oreille aidant, ce moyen de communication a vite conquis une grande partie des routiers américains dans les années 1960. Ce nouveau moyen de communication a fini par traverser l’océan pour se répandre quelques années plus tard en Europe. Les débuts en France, remontent vers les années 1975. Au paravent, on voyait bien quelques taxis ou des ambulanciers qui communiquaient entre eux grâce à des petits émetteurs/ récepteurs de la taille d’un gros poste de radio. Ces émetteurs/récepteurs ne disposaient que de quelques canaux. Les premiers postes de C.B. utilisés en France par les routiers  en 1975 possédaient 40 canaux mais ils étaient encore bien rares.  Faut savoir que la demande étant encore inexistante, il y avait peu de vendeurs en France et les prix étaient  inabordables.  C’est d’ailleurs en profitant d’un voyage en Italie que nous avons acheté nos premiers talkies walkies fonctionnant sur cette bande. Ces talkies-Walkies avaient une puissance de 1,5 Watts, tout juste capables de faire des liaisons de 2 à 3 kilomètres dans les meilleures conditions.  Cela semble peu mais à l’époque, alors que nous nous étions perdus,  cela nous a permis de nous retrouver et de continuer nos vacances tous ensembles. 

L’année suivante, comme nous partions en vacances dans le Midi, nous en avons profité pour aller  à Andorre où nous avons acheté nos premiers postes de C.B. 

Ces postes étaient 3 fois moins chers qu’en France et leur puissance était de 3 watts, ce qui permettaient des liaisons de 3 à 4 kilomètres.  Ces petits émetteurs ne disposaient que de 6 canaux et pour chaque canal, il fallait acheter un quartz pour l’émission et un quartz pour la réception. On a commencé à acheter 2 à 3 paires de quartz pour pouvoir communiquer entre nous. Ces émetteurs n’étant pas autorisés en France, afin de conserver un relatif anonymat, on se donnait des diminutifs « JuJu » et a « Nanard » et aussi « Loulou » pour Jean-Louis…jusqu’au jour où nous sommes tombés sur une conversation entre 2 routiers. Ils se donnaient également des diminutifs et ils avaient un langage truffé de termes dont on ignorait le sens. Sans le savoir, on était tombé sur les premiers cibistes. Cela signifiait également que nous faisions déjà de la C.B. sans le savoir…. Ensuite, cela a été très vite. On a appris le « langage Cibiste » et ses abréviations qui découlent directement du monde des radio-amateurs. On a apprit à utiliser le canal 19 qui était devenu le canal des routiers  quand sont apparus les premiers postes de C.B. munis de 40 canaux. 

La Cibi a perduré sur 2 à 3 decennies et, toutes les voitures que j’ai eu de 1975 à 2002, ont toutes été ornées d’une belle antenne de Cibi. Cependant ce phénomene a vite perdu de son utilité après les années 2000. La CiBi a vu son intêret décroitre pour deux raisons.

La première raison a été la perte de son coté ludique que pouvaient apporter les conversations entre cibistes. En effet, la CiBi a été victime de son succès. Le matériel était bon marché et comme ce domaine était, dans les faits, libre de toute contrainte, une partie des nouveaux « Cibistes » n’a pas compris qu’il y avait un minimum de règles de bonne conduite à respecter,  sur les ondes comme partout. Pour le dire crûment, c’était devenu le bordel.  Le coté convivial et bon-enfant de la CiBi s’était estompé.

 Comme dans beaucoup de domaines, il suffit de quelques connards qui, se sentant à l’abri  par l’anonymat que procurent ces émetteurs, en profitaient pour gêner les conversations entre cibistes. On  retrouve ce coté sombre dans les forums sur internet.

On regrette que l’argent soit souvent une sélection dans de nombreux domaines, mais il faut reconnaître que, statistiquement on rencontre moins d’abrutis, dans les milieux aisés.  Généralement, ces personnes ont bénéficié, auprès de leurs parents, d’une certaine moralité, du respect aux autres, bref, d’une bonne éducation. 

La seconde cause a été la perte du coté utile de la Cibi du fait de l’arrivée et surtout de la démocratisation du téléphone mobile dans les années 1988, puis l’arrivée des GPS après 2004.

Il n’empêche que la Cibi a connu une période prospère entre 1975 et 2005 et pendant ces « trente glorieuses de la Cibi » j’ai toujours eu une Cibi dans ma voiture. Bien longtemps, j’ai eu également « en fixe » dans ma véranda, une Cibi en base avec les équipements indispensables que sont l’antenne, l’alimentation en 12 volts, le préampli, l’ampli (appelé le Tonton), le micro-processeur, la boite de réverbération (comme le micro-cathédrale) et les boites d’accord. 

Ce passe-temps m’a permis des milliers d’heures de conversation avec des personnes du monde entier. Cependant, l’arrivée  et la démocratisation d’internet dans les années 2000 ont fait que la Cibi est passé au second plan dans mes passe-temps avant de disparaître définitivement.

  

De nos jours, la CiBi a quasiment disparu. Il y a bien encore quelques utilisateurs chez les routiers et une partie des professionnels de la route mais il faut reconnaître que sur les centaines de milliers de poste de Cibi achetés pendant ces 30 années en France, seuls quelques milliers sont encore en service. Le reste dort dans des cartons dans des greniers ou des garages. On pourrait croire que la CiBi est définitivement morte……mais, il reste encore beaucoup de nostalgiques des années 1975/2000 qui aimeraient revivre cette époque. Comme on dit, le besoin crée l’organe. C’est ainsi que l’on a vu apparaître, bien timidement,  une application  « Cibi » sur les smarthones Androïd et IOS  en septembre 2018. Cette application s’appelle CB TALK et, pour ceux qui seraient intéressés par cette application, je les invite à aller voir du coté de cbwebinfo.com qui est un excellent blog qui traite de la CiBi en général et de cette application en particulier. 

Enfin, le concours pour obtenir sa licence de radio-amateur a bien évolué et devient beaucoup plus accessible. Par ailleurs, il est prévu de revenir à un examen à plusieurs niveaux, comme en Angleterre et aux USA, ce qui permettrait de passer une licence « Novice » et de pouvoir ainsi prendre le micro avant d’évoluer dans les licences suivantes.  Cette discipline étant bien « cadrée », on y retrouve peu de perturbateurs mais beaucoup de passionnés. Si vous êtes intéressé par ce sujet, je vous invite à découvrir le blog :  le radioscope.fr